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Détails :

Façade sur la rue Grande ; passage ; façade sur le passage du logis sur rue ; façade de l'aile perpendiculaire nord-ouest donnant sur la cour intérieure, 75, rue Grande, y compris la façade de la construction appuyée contre elle ; toitures correspondantes ; escalier à vis, à l'intérieur de l'aile nord-ouest ; cartouche avec devise latine de la fin du 16e siècle, peint sur le mur d'un salon, au rez-de-chaussée du corps de bâtiment situé au sud du passage, 73, rue Grande (cad. AN 202, 203, 205, 252, 253) : inscription par arrêté du 4 mars 1999

Historique :

La petite ville de Châtillon-sur-Indre, située au nord-ouest du département de l'Indre, fut le siège d'une importante seigneurie passée en 1203 sous contrôle royal. Siège particulier du Grand bailly de Touraine, devenu présidial en 1639, elle fut à l'époque moderne la plus importante ville judiciaire du Bas-Berry, gardant autorité sur un territoire couvrant une grande partie de la Haute-Touraine et la moitié du Bas-Berry. La présence des administrations royales la firent bénéficier d'une réelle prospérité. A la fin du 16e siècle, des hôtels, preuve d'une richesse nouvelle de la ville, furent édifiés. L'hôtel dit d'Henri III fut construit au nord-ouest de la ville, en coeur d'îlot, sur une vaste parcelle s'étendant entre la rue Grande, axe de peuplement essentiel de la ville dès son origine, et le mail dominé par les fortifications urbaines. Si les documents permettant de connaître les circonstances de la construction de cet hôtel font défaut, le style maniériste de ses façades sur rue et nord-ouest, ainsi que l'inscription FRANCE POULONGNE qu'accompagne le monogramme du roi Henri III, permettent de situer son édification pendant le règne du roi, peut-être vers 1584, date à laquelle le souverain prit possession de la châtellenie de Châtillon. Le constructeur, dont le nom n'est pas connu, devait être un notable à son service. Le traitement de l'entrée et le décor soigné de sa façade principale distinguent cet hôtel des autres maisons de la rue et attestent de la place de son propriétaire dans la hiérarchie sociale. A la fin du 16e siècle, l'hôtel devait être composé de deux corps de bâtiments principaux : un corps de logis sur rue comportant une aile perpendiculaire nord-ouest donnant sur une petite cour intérieure, et un corps transversal au sud du passage couvert desservant une vaste cour. La composition de la façade établie sur la rue Grande manifeste un souci de régularité. La superposition des baies et des lucarnes, les lignes horizontales des entablements et des bandeaux, marquent nettement l'ordonnance à peu près symétrique dont l'axe est constitué par la travée de l'ancien escalier. Cette façade offre la particularité de concilier deux styles de décor contemporains, répartis de part et d'autre de la travée de l'escalier : à gauche, les ordres associés aux bossages l'animent, et, à droite, les encadrements moulurés à crossettes des baies lui confèrent une plus grande sobriété et une certaine austérité. Ce même vocabulaire est repris sur la façade en retour nord-ouest, sans toutefois l'apport pittoresque des grotesques. Cette répartition correspond-elle à un goût particulier ou marque-t'elle une brève interruption dans la construction et un changement de programme ? Bien que le rez-de-chaussée de cet hôtel ait été mutilé par le percement de magasins, que ses façades sur cour aient été dénaturées, ses deux façades sur la rue et nord-ouest comptent parmi les plus remarquables de Châtillon-sur-Indre. Elles montrent de quelle manière le style classique a été compris et interprété en province dans le dernier quart du 16e siècle. L'hôtel dit d'Henri III, élément important du patrimoine architectural de la ville, est aussi le témoin rare et fragile d'une époque prospère de son histoire.